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Conseillé par o n l a l u26 mai 2019
Action et émotion
Pas de préliminaires superflus pour le retour de Valentin Pescatore. C'est en
pleine jungle guatémaltèque, infiltrant un réseau de passeurs de migrants, que
le trouvent les premières pages de " Trafiquants & associés " . Chaleur moite
et tension à couper à la machette. D'emblée, ce troisième volet de la série
nous replonge dans l'atmosphère de " Triple Crossing " (2012) et du " Chant du
converti " (2014). L'attente n'est pas déçue.
Car on s'est langui de l'attachant duo de baroudeurs que le jeune ex-policier
des frontières US forme avec l'ex-journaliste mexicain Leo Mendez. Mais leur
créateur Sebastian Rotella a fort à faire, lui-même, à enquêter pour le site
Pro-Publica, qu'il a rejoint au moment où leurs aventures prenaient forme dans
son imagination, en 2010. Et s'il n'était pas ce journaliste d'investigation
passé, dans sa carrière, de l'ébullition de la zone frontalière à celle des
banlieues françaises, des tueurs des cartels aux filières djihadistes, ses
romans n'auraient ni la même profondeur, ni le même parfum de vérité.
Quand Valentin traque un témoin du massacre de dix migrantes africaines, on
est donc avec lui sur le terrain. On sent que l'auteur s'est mis à la fiction
pour donner davantage de sens et de relief à un matériau qui reste, à la base,
journalistique : lieux, personnages, méthodes. Et cette zone grise où il fait
évoluer son héros, en marge d'une enquête officielle, rappelle ces coulisses
du pouvoir où se troquent les confidences " off the record " . Léo n'est pas
en reste et nage dans des eaux tout aussi troubles, tuyauté par un
intermédiaire mexicain douteux sur une holding new yorkaise soupçonnée de
blanchiment.
Les deux affaires vont rebondir du Chiapas jusqu'à Rio de Janeiro, via l'île
italienne de Lampedusa, pour finalement s'imbriquer. Sebastian Rotella y fait
défiler un véritable carnet d'adresses de grand reporter : tueurs à gage ou
criminels en col blanc, réfugiés plongés dans la clandestinité ou
fonctionnaires rescapés de la jungle bureaucratique. Ses méchants sont aussi
violents que ceux de Don Winslow dans " Cartel " , ses héros aussi superbement
inconscients. L'action, même à coup de gros calibre, n'empêche pas l'émotion.
Le duo Valentin-Léo garde jusqu'au bout cette touche d'humanité et d'optimisme
qui nous fait espérer de nouvelles retrouvailles.