L'écrivain national

Serge Joncour

Flammarion

  • Conseillé par
    10 novembre 2014

    écriture

    Je dois dire que quelques jours après la lecture de ce roman, il ne m'en reste pas grand chose. Juste une impression d'hiver, d'auteur catapulté là sans avoir rien préparé de ses interventions pour les ateliers prévus.

    Un couple de libraires à l'origine du projet qui ne fait que prêter sa voiture ; un maire soucieux de se faire ré-élire ; une aubergiste curieuse ; un mystérieux Commodore revenu d'Indochine. Mais une galerie de personnages qui ne m'a pas paru haute en couleurs.

    Le personnage de Dora m'a peu passionné. Ce fut la passion du narrateur.

    Le mystère de la disparition n'est qu'un prétexte et apparaît bien comme tel : peu mystérieux.

    L'image que je retiendrai :

    Celle de l'auteur plein de boue se présentant pour l'atelier d'écriture.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2014/11/07/30898450.html


  • Conseillé par
    29 octobre 2014

    Happée , dès les premières pages, par le lieu, par l'intrigue, par cette ambiance villageoise si bien décrite, par ces personnages, par cette forêt ... par ce mélange d'humour, de thriller, de réflexion, avec en prime, comme dans L'amour sans le faire des petits flashs me renvoyant à des souvenirs personnels... ah, ces cérémonies dans les petits villages, ces vins d'honneur et autres discours, ces élus en campagne perpétuelle ... il y a du vrai dans tout cela!

    Toute une société se déploie à petites touches sous nos yeux, le vernis craque vite... la peur de l'étranger, de la différence, les intérêts économiques et magouilles en tout genre...

    Et puis il y a aussi ce savoureux récit des rencontres écrivain-public, ces séances de dédicaces, cet atelier d'écriture pour.. illettrés... et autres déboires auxquels doit faire face cet écrivain, qui n'en devient que plus touchant et plus sympathique! Le tout un brin caustique, mais jamais méchant.
    Et puis il y a cette proximité narrateur-auteur qui donne une saveur particulière...

    J'ai souri souvent, et ai été une nouvelle fois conquise par la plume de cet auteur!


  • Conseillé par
    10 octobre 2014

    Dans ce roman, le narrateur est écrivain et s'appelle Serge ( hasard ou non?). Il est invité en résidence d'écriture durant quatre semaines à Donzières une petite ville du Morvan. Logé à l'hôtel où la propriétaire l'entoure de gentillesse et de considération, il doit animer quelques ateliers sous les ailes protectrices d'un couple de libraires. Lors du discours inaugural, il est appelé l'écrivain national (avec un trait d'ironie) par monsieur le maire devant la population présente.

    Il apprend dans le journal local qu'un homme âgé riche a disparu et que les soupçons se portent sur un jeune couple Aurélik et Dora arrivées depuis peu. Il s'agissait des plus proches voisins du disparu et tout le monde les considère comme des marginaux. Preuve accablante : une forte somme d'argent a été trouvée en possession d'Aurélik. Au lieu de penser au feuilleton qu'il doit écrire pour le journal ou de se focaliser sur ses différents ateliers et de les préparer, notre écrivain s'intéresse à cette affaire. La photo de Dora l'attire comme un aimant.
    On est loin de l'idée d'un écrivain comme on pourrait se l'imaginer : pointilleux, sûr de lui. Et notre écrivain pose des questions ce qui déplait et dérange. Au lieu de rester à la place qui lui est attitrée, il vadrouille dans les bois, arrive en retard à ses rendez-vous pour affronter des lectrices qui démontent un de ses romans, il se fait remonter les bretelles par le libraire.
    On se prend de sympathie pour lui dès le départ : mal à l'aise, un peu maladroit mais franc et un brin naïf.

    Un roman qui interroge sur le rôle de l'écrivain, qui en plus joue habilement sur le terrain du genre policier et nous offre un portrait brossé d'humour et de justesse des petites villes de province.
    Et dans les descriptions, les ressentis, j'ai retrouvé le Serge Joncour rencontré aux Escales de Binic avec qui j'avais discuté un peu. Un écrivain un peu timide qui n'essayait pas de me vendre ses livres, qui balbutiait un peu et loin, très loin d'être orgueilleux.
    Un bonheur réjouissant et un livre chaleureux !


  • Conseillé par (Libraire)
    26 septembre 2014

    La mauvaise réputation

    Entre séances de dédicaces, ateliers d'écriture et fait divers, c'est l'histoire d'une résidence d'auteur qui tourne mal.

    À la frontière du roman policier et de l'auto-fiction, c'est un livre rebelle et drôle sur le métier d'écrivain et la littérature, la vie en province et les gens qui, comme dirait l'autre, n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux. Et, en effet, dans cette petite ville de province, notre écrivain national ne va pas passer inaperçu... Loin de là.

    J'ai dévoré ce livre. Un de mes grands coups de coeur de la rentrée.


  • Conseillé par
    4 septembre 2014

    Un voyage sans surprise

    Dans le nouveau roman de Serge Joncour, le narrateur ressemble étrangement à son auteur. Il porte le même prénom – Serge –, il est romancier, a écrit un livre intitulé " UV "… Avec " L’Ecrivain national "_, _Serge Joncour se lance dans l’autofiction. Ce n'était pas forcément une bonne idée.

    Alors qu’il n’est pas très enthousiaste à l'idée de commencer sa résidence d’un mois à Donzières, petite ville du centre de la France, à peine arrivé, l’écrivain Serge se passionne pour un fait divers qui divise la région. Henri Commodore, vieux maraîcher à la retraite, très riche selon les rumeurs, s’est volatilisé. Les soupçons se portent vite sur Aurelik et Dora, deux jeunes d’Europe de l’Est arrivés dans la région quelques années plus tôt, et voisins du disparu. Les habitants de la petite ville ne portent pas les deux jeunes dans leur cœur. Ceux-ci habitent au beau milieu de la forêt, ils sont coupés de tout et taxés de marginaux. Tombé sous le charme de la belle Dora – dont il a découvert le visage pour la première fois dans une gazette locale – Serge décide de mener sa propre enquête. L’écrivain se détourne de plus en plus du rôle qu’il doit endosser durant les quelques semaines où il est invité à Donzières. Promouvoir la région, animer des ateliers d’écriture, écrire un feuilleton…  Au lieu de cela, ses prises de risque, bagarres et coups de foudre, font jaser les habitants. Serge prend la tangente, son amour pour Dora lui donne des ailes. Il se réjouit de quitter cet habit de « type docile, toujours disposé à donner un coup de main » pour devenir « ce type solide et assuré » qu’il a toujours rêvé d’être.

    " L’Ecrivain national " ressemble  à un voyage sans encombre. C’est un roman qui se lit agréablement mais qui ne réserve pas de surprises – ni bonnes ni mauvaises, d’ailleurs. Certains aspects de l’histoire sont un peu exagérés, comme l’amour immédiat que Serge ressent pour Dora, uniquement à travers une mauvaise photographie d’un journal local. " L’Ecrivain national "est un gentil thriller, qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais qui divertit le lecteur.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    29 août 2014

    Un écrivain vu de l'intérieur...

    « Notre écrivain national », voilà le surnom que Monsieur le Maire de Donzières donne à Serge, écrivain en résidence et narrateur de ce roman. Ledit maire aurait préféré un sportif mais enfin, il faut bien soigner aussi son image de marque culturelle, d’autant plus que le couple de jeunes libraires de la commune se démène vraiment pour la cause. Voilà donc l’écrivain parisien passant quatre semaines entre Nièvre et Morvan au frais de la princesse : on ne lui refuse rien, surtout pas l’alcool et la bonne bouffe, c’est qu’on sait recevoir, à Donzières.

    Sauf que notre narrateur va justement mettre le nez là où il ne faut pas. Un riche octogénaire vient de disparaitre sans laisser de traces. On soupçonne un couple de locataires, Dora et Aurélik, des étrangers venus de l’Est, l’homme a d’ailleurs été arrêté. C’est parce qu’il est séduit par une photo de Dora que le narrateur décide de poser des questions, de fureter et enfin d’aller voir par lui-même à quoi ressemble ce coin de forêt où loge le jeune couple. Sauf qu’il tombe sur deux-trois costauds qui le tabassent et qu’il arrive en loques et ensanglanté à l’atelier d’écriture qu’il doit animer…

    Dès lors, le malheureux est en proie à une paranoïa aiguë et la cible de multiples reproches. Les gendarmes l’interrogent. Il découvre que la commune et les terres de l’octogénaire disparu sont l’enjeu d’une querelle plus économique qu’écologique même si chaque clan s’affronte au nom des énergies propres et de la forêt. Rien n’y fait cependant : il est de plus en plus fasciné par Dora.

    Grâce à L’écrivain national, le lecteur découvre l’autre face du métier d’écrivain. Qui n’a jamais assisté à une rencontre en librairie ? Bien polis, souriants, ils ont l’air plus ou moins à l’aise tous ces auteurs mais que sait-on de ce qu’ils pensent vraiment ? Et les questions des lecteurs ? Comment rester aimable face à une lectrice qui inflige les pires critiques à un livre qu’elle vient de lire, voire de décortiquer, écrit il y a dix ans ? Et que dire puisque ladite lectrice est certaine des intentions de l’auteur ?

    Au-delà de ces situations qu’on imagine inconfortables et nécessitant un certain tact, L’écrivain national s’interroge sur ce que chacun attend d’un écrivain : qu’il soit sincère ou qu’il invente, qu’il ne raconte pas ce qu’il a vu ou qu’il n’omette aucun détail, qu’il parle de la commune, d’une cause, de lui-même… Quand on rencontre un écrivain, qu’on le côtoie, qu’attend-on de lui ? Et lui, que fait-il de ce qu’il voit, de ce qu’il vit ? Serge Joncour, pour mieux brouiller les pistes choisit un narrateur à la première personne, qui s’appelle Serge et a publié un roman intitulé UV…

    Même après une dizaine de livres publiés, l’écrivain national ou pas est loin d’être sûr de lui. Ses ouvrages peuvent éventuellement constituer un rempart entre lui et le monde, mais quand il s’agit de rencontrer les autres, il est tout nu ou pire, habillé d’interprétations parfois erronées sur son œuvre. Serge Joncour porte un regard fraternel sur son héros et ironique sur les habitants de Donzières, sans jamais être cynique ou méchant. Il semble avoir alimenté ce roman d’expériences personnelles (repas, discours et lectrices semblent tout à fait authentiques) qui dotent ce drame d’une touche d’humour bienvenue.