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Conseillé par sandrine5731 mai 2021
Il fait chaud à Florence, en ce mois d’août 1963. Une chaleur étouffante qui accable le commissaire Bordelli, autant que les moustiques l’énervent et les cauchemars l’épuisent. Pourtant, il a choisi de rester dans la ville désertée par les Florentins partis en villégiature sur les plages de la région. D’ailleurs, le crime ne prend pas de vacances et quand le policier est appelé sur les lieux d’une mort suspecte, il flaire un meurtre. Pourtant, les premières constatations du légiste semblent conclure à une crise d’asthme qui aurait mal tourné. Madame Pedretti était malade et âgée, mais elle était riche aussi… Ses héritiers ont-ils voulu accélérer la succession ? Bordelli s’adjoint le jeune Piras, tout juste débarqué de sa Sardaigne natale et commence son enquête.
Si l’intrigue n’est guère trépidante - Bordelli tient plus de Maigret que de Harry Bosch - le commissaire vaut bien un roman à lui tout seul. L’homme est un célibataire de cinquante-trois ans qui attend toujours la femme de sa vie. Il fume comme un pompier, aime la bonne chère cultive l’amitié. Car s’il n’a pas encore trouvé sa dulcinée, il n’est pas solitaire et sait s’entourer de personnages hauts en couleurs. Du légiste au monte-en-l’air, ils sont nombreux à profiter de ses tablées aux menus concoctés par Botta, le voleur qui a appris à cuisiner dans toutes les prisons d’Italie et d’ailleurs. Tous ont en commun d’avoir combattu les nazis et en gardent un souvenir ému. Les discussions vont bon train. On échange des anecdotes, on philosophe sur la vie, la mort, l’amour, le bien et le mal. Loin d’être un taiseux, Bordelli aime s’épancher, pratique l’ironie, promène sa nostalgie désabusée dans sa belle ville de Florence.
Avec ses personnages attachants, ses dialogues vifs et souvent comiques, Marco Vichi propose un petit polar qui se lit d’une traite et qui donne bougrement envie de refaire un bout de chemin avec Bordelli et ses comparses. Un début plus que prometteur. -
Conseillé par Albertine27 avril 2016
Adopte un commissaire...
Les amoureux de l'Italie auront reconnu sur la très belle couverture les monuments emblématiques de Florence. Le palazzo et le Ponte Vecchio, la cathédrale Santa Maria Del Fiore nous invitent déjà au voyage. La petite Coccinelle appartient au commissaire Bordelli, 53 ans, qui tente de survivre aux températures écrasantes de cette fin juillet 1963. Il n'a pas déserté la ville comme beaucoup et lutte à la fois contre la chaleur, les moustiques et les souvenirs encore très présents de la Seconde Guerre Mondiale. Le seul avantage de cette situation est que même les criminels fonctionnent au ralenti.Sa principale tâche est d'arroser les plantes de Rosa, une prostituée devenue son amie, pendant que celle-ci séjourne sur la côte. Accessoirement, il rend aussi visite à son cousin Rodrigo, un professeur de Chimie psycho-rigide qui occupe ses vacances à corriger inlassablement des copies.
C'est compter sans un coup de fil de Mugnai, un de ses subordonnés, au coeur d'une énième nuit à chercher le sommeil. La dame de compagnie d'une vieille femme s'inquiète parce que celle-ci ne répond pas au téléphone. Elle paraît persuadée que sa patronne a été assassinée par des neveux trop pressés de toucher son héritage. Bordelli se rend sur place et découvre une demeure ancienne, qui a connu des jours meilleurs et la maîtresse des lieux, apparemment morte d'une violente crise d'asthme. Rien ne paraît suspect dans ce décès et pourtant, quelque chose tracasse le commissaire...
Si vous cherchez de l'action, des explosions, du suspense à couper le souffle, ce roman n'est pas pour vous. Si au contraire, vous aimez les polars avec ambiance, personnages atypiques et repas pantagruéliques, Marco Vichi est une excellent pioche. Moi, j'ai plongé, suivant avec bonheur cet homme qui ne juge pas sur les apparences. Il a pour amis des voleurs au grand coeur et un médecin légiste mélancolique. Cette enquête va lui permettre d'ajouter à ce cercle restreint Dante, le frère de la victime, un savant pour le moins original. Dans son laboratoire de fortune, celui-ci invente des produits improbables : la tasse à café supposée s'adapter à toutes les bouches (Bordelli ne parvient qu'à renverser du café sur ses chaussures !) ou un détergent à base de basilic pour laver les assiettes sans les frotter. Le commissaire va aussi abriter sous son aile le jeune Piras,un Sarde, fils de son compagnon d'arme pendant la guerre.
Après cette première lecture, je m'inscris tout de suite sur "Adopte un commissaire" et m'en vais rechercher d'autres romans avec ce quinquagénaire profondément humain.