Les Cambodgiens
EAN13
9791031203072
Éditeur
Ateliers Henry Dougier
Date de publication
Collection
Lignes de vie d'un peuple
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Les Cambodgiens

Ateliers Henry Dougier

Lignes de vie d'un peuple

Indisponible

Autre version disponible

Eléonore Sok : " Je voulais raconter le Cambodge d'aujourd'hui "

Les Cambodgiens, lignes de vie d'un peuple, publié en France en octobre, est
désormais disponible au Cambodge. Rencontre avec son auteure, la journaliste
Eléonore Sok-Halkovich, qui présentera son livre mardi 14 janvier à 18h30 à
l'Institut français du Cambodge.

Lepetitjournal.com Cambodge : A travers une vingtaine de portraits et
d'entretiens, votre livre dresse un panorama du Cambodge d'aujourd'hui. Quelle
était votre intention principale en écrivant Les Cambodgiens ?

Eléonore Sok : Un de mes objectifs était de laisser la parole aux Cambodgiens,
sans avoir à passer par la vision d'experts étrangers. Le livre s'articule
d'abord autour d'un chapitre sur l'histoire et la mémoire, dans lequel je
parled'Along Veng, le dernier bastion khmer rouges, mais aussi du destin de
Tita, un enfant de la génération perdue née entre les années 70 et 90, qui
représente à mes yeux les aléas et difficultés des décennies 80-90 et la
résilience des Cambodgiens. Puis j'évoque dans le second chapitre la société
immanente afin de souligner que la société cambodgienne obéit à ses propres
représentations et qu'elle n'est pas uniquement le fruit de son histoire
récente, mais d'une civilisation millénaire.

Mais Les Cambodgiens laisse avant tout la parole à des entrepreneurs, des
représentants de la société civile, des chercheurs, un directeur de think
tank, une ouvrière, une famille de pêcheurs, qui sont autant de facettes de la
société contemporaine. Le chapitre final concerne l'art et la culture, un
thème important pour moi, car lorsque je suis arrivée au Cambodge j'ai
notamment commencé par réaliser des portraits d'artistes. C'est aussi une
bouffée d'air frais à la fin de ce livre. Ceux qui redéfinissent et
réinventent la culture cambodgienne mettent en mots les tensions et problèmes
auxquels est confrontée la société.

Un chapitre du livre est consacré à des représentants de la société civile
cambodgienne, tels qu'une militante syndicale, une défenseure de
l'environnement et la fondatrice d'une ONG de protection des droits de
l'homme. Avez-vous senti une certaine résignation chez les individus
interrogés ?

Les représentants des ONG de défense des droits de l'homme connaissent
l'importance de leurs actions et veulent continuer à exister et tenir leur
rôle, mais ils sont obligés de rester discret, d'être moins visibles
médiatiquement à cause de la répression. La loi de 2016 qui limite les
prérogatives des ONG a poussé la société civile à se redéfinir, à inventer
d'autres moyens d'action et à agir davantage dans le sens d'une
conscientisation citoyenne. Les jeunes de Mother Nature Cambodia par exemple
se définissent comme un mouvement citoyen même si sa structure reste proche de
celle des ONG. Mais j'ai aussi ressenti une certaine lassitude chez ces
interlocuteurs de ne pas voir les choses avancer, ce qui contribue à une fuite
des cerveaux hors du Cambodge.

Dans le chapitre sur la société civile, vous avez compilé plusieurs citations
du premier ministre cambodgien. Pourquoi parler de lui de cette manière ?

Hun Sen est un personnage politique central pour comprendre le Cambodge
d'aujourd'hui. Je me suis d'abord demandé comment il fallait en parler, si je
devais faire son portrait ou interroger un ou plusieurs interlocuteurs à son
propos, mais cela risquait d'être un exercice difficile dans un pays où on
fait communément usage de périphrases pour parler du chef du gouvernement.
J'ai finalement considéré que ses citations parlaient d'elles-mêmes, elles en
disent beaucoup sur lui, sa manière d'être et sa manière de penser.

Vous donnez la parole à une vingtaine de Cambodgiens de professions, âges et
milieux différents. Certains éléments revenaient-ils dans chaque entretien ?

Le rapport à la matrice familiale était un thème récurrent dans les
conversations, qu'elle soit vécue comme un devoir ou une fierté, notamment
lorsque j'ai interviewé Heng Pattika, l'héritière des supermarchés Lucky. Même
les artistes du collectif Romcheik 5 que j'ai rencontrés et qui ont pris leur
distance avec leurs famille s'en sont recréée une. Par ailleurs, la post-
mémoire de la période des Khmers rouges, un concept dont parle la théoricienne
de l'art Soko Phay dans le livre, est encore très présente. Même s'il y avait
une volonté commune chez mes interlocuteurs d'aller de l'avant, la période
khmère rouge revenait comme un point de repère qui avait des incidences dans
la vie de chacun, qu'ils l'aient vécue ou non. Un drame avec autant de
ramifications imprègne invariablement la société.

Les Cambodgiens, d'Eléonore Sok-Halkovich, éditions des ateliers Henry
Dougier, collection Lignes de vie d'un peuple, 149 p., prix indicatif 19
dollars, disponible à la librairie Carnets d'Asie à Phnom Penh et dans les
librairies Monument Books.

Tant que vous êtes ici, nous avons un petit mot à vous dire.
Lepetitjournal.com Cambodge est un média indépendant qui a fait le choix de
laisser ses articles en ligne et accessibles à tous. Face au phénomène de
baisse des recettes publicitaires qui touche l'ensemble des médias, nous avons
besoin de votre soutien.

Si notre travail vous satisfait, vous pouvez désormais nous soutenir via notre
compte Tipeee, une plateforme de dons en ligne. Chacune de vos contributions,
grande ou petite, nous est précieuse et participera directement à la vie de
Lepetitjournal.com Cambodge. Merci !
S'identifier pour envoyer des commentaires.