Les oubliés de la République
EAN13
9782213637099
ISBN
978-2-213-63709-9
Éditeur
Fayard
Date de publication
Collection
FAY.DIVERS HIST
Nombre de pages
320
Dimensions
21,5 x 13,5 x 2,4 cm
Poids
426 g
Langue
français
Code dewey
320
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Désiré Barodet?>(1823-1906)?>Le recueil des professions de foi des députés – Maire de Lyon – Député de Paris – Militant de la laïcité de l'État.Désiré Barodet.Gravure de Lefman, BnF, Paris.© Photothèque Hachette.« Les élections... étaient à peine connues que, déjà, certains hommes politiques... s'ingéniaient à trouver le moyen d'éluder l'exécution des engagements contractés à la face du pays... Il faut que de pareilles tentations d'escamotage soient déjouées... », écrit Désiré Barodet, le 6 septembre 1881. Il est à l'origine du recueil qui, après chaque élection législative, garde trace des promesses des députés.***Il fut un temps où les hommes politiques ne ressentaient pas le besoin d'avoir recours à un conseil en communication, une époque où la médiatisation n'avait pas aseptisé le langage politique, où les candidats rédigeaient eux-mêmes leur profession de foi. Personne ne les invitait à affadir leur message pour sauvegarder leur image. Aucune agence publicitaire n'aurait pu convaincre un républicain de ne pas conclure ses proclamations d'un retentissant « Vive la République ! », un collectiviste d'oublier « Vive la Sociale ! », un monarchiste de ne pas s'exalter en criant : « Vive la France catholique ! »Gardons-nous bien sûr d'idéaliser le passé : sans doute y avait-il beaucoup d'effets théâtraux, de rhétorique creuse dans les campagnes électorales, et certainement un peu d'exagération et de sectarisme dans les mots d'ordre des partis. Mais au moins on s'engageait, et cela, en termes clairs. Les candidats n'avaient pas peur d'afficher leur appartenance politique, d'exprimer des opinions tranchées.Qu'il ait ou non un talent de plume, le député consacre beaucoup de temps à écrire : le texte de discours importants, ses interpellations au gouvernement, ses amendements ou propositions de loi, rapports et autres motions. Les meilleures et plus cinglantes improvisations sont souvent, chez lui, les plus réfléchies et les mieux préparées. Mais le plus significatif de l'expression de ses convictions demeure sans doute le premier de ses textes, celui qu'il rédige, encore simple candidat, en jetant sur le papier tout ce qui motive sa candidature, tout ce qui lui laisse espérer la victoire : sa « profession de foi », selon l'expression empreinte de religiosité qui s'est imposée pour désigner ce que l'administration, de manière plus neutre, appelle un « document électoral ».Au temps du suffrage censitaire, le député ne s'adressait qu'à quelques dizaines d'électeurs avec lesquels il pouvait entretenir une relation personnalisée. « Du reste, Messieurs, je n'aime point, quant à moi, l'obscurité. J'aime la lumière et je veux vivre au milieu d'elle. Si quelques-uns d'entre vous conservent des doutes sur mes opinions, qu'ils me fassent l'honneur de venir me voir, j'achèverai de me montrer à eux sans détour. Si l'on préfère m'écrire, qu'on le fasse ; je répondrai », écrivait Alexis de Tocqueville, député de la Manche, dans une circulaire de 1839. Sa particule l'ayant rendu suspect aux libéraux, l'auteur de De la Démocratie en Amérique n'hésite cependant pas à les renvoyer à ses écrits publics : « Nul n'a fait plus d'effort que moi pour montrer qu'il fallait, sans sortir de la monarchie, en arriver peu à peu au gouvernement du pays par le pays. Je n'ai point renfermé ces opinions dans des paroles obscures qu'on explique, qu'on rétracte ou qu'on nie suivant le besoin du moment, mais dans des écrits qui restent et qui m'engagent aux yeux de mes amis aussi bien qu'à ceux de mes adversaires. »Le recours à l'écrit devient une obligation en 1848, quand l'institution du suffrage universel permet à des inconnus de solliciter les voix d'autres inconnus. Les murs se couvrent d'affiches multicolores, les journaux insèrent toutes sortes de proclamations, des originaux font placarder dans Paris des affiches électorales en vers qui racontent leur vie misérable ou exemplaire. Un certain Jouy, ouvrier ébéniste du faubourg Saint-Antoine, se décide à publier son Adresse d'un ouvrier à ses frères ouvriers de tous les corps d'état : « Quelques-uns de mes amis m'ayant engagé à me présenter comme candidat, j'ai accepté ; mais comme j'ai toujours su faire abnégation de tout sentiment d'orgueil et d'intérêt personnel, quand il s'agit de l'intérêt commun, je suis prêt à me retirer et à faire place à un citoyen plus méritant et pouvant être plus utile que moi aux intérêts de la République. »
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