Annesophie B.

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chroniqueuse littéraire à temps complet.

Sonatine éditions

23,00
Conseillé par
28 février 2021

Une très belle suite.

La Cité des Larmes est le second volet de la nouvelle saga historique de Kate Mosse, et fait donc suite à La Cité de Feu.
Et personnellement, si j’avais déjà beaucoup aimé le premier, ce deuxième tome m’a encore plus embarquée.

Dix ans ont passé depuis le début de La Cité de Feu. Nous voici donc en 1572, dans une France toujours tourmentée par les guerres de religions.
Nous retrouvons Minou, Piet et une partie de leur famille, prêts à se mettre en route pour Paris, pour assister au mariage de Marguerite de Valoir et de Henri de Navarre.
Si, pour certains, l’espoir est grand que cette union soit le signe d’un accord de paix entre catholiques et protestants, d’autres mettent tout en œuvre pour qu’au contraire cela tourne au carnage...

Nous savons tous, aujourd’hui, ce qu’il en a finalement été. Et pourtant qu’il est bon de se replonger dans l’Histoire, guidé par la plume si efficace et prenante de Kate Mosse !
Si la St Barthelemy est bien entendu présente, n’allez toutefois pas croire que vous vous apprêtez à lire un énième roman sur cette nuit tragique.
Car si nous suivons évidemment l’Histoire à travers ce roman (nous la vivons même !), elle nous y ajoute également les histoires de ses personnages auxquels nous avons appris à tant nous attacher.
Et le mélange des deux est une petite merveille à déguster.

L’auteure recrée excellemment l’atmosphère de l’époque, et tout nous semble quasiment « à portée de main » durant cette lecture. Les bruits, les peurs, les odeurs, les douleurs : tous les ressentis sont quasiment palpables, tant elle a su les mettre en valeur sans jamais avoir besoin de sur jouer sur le côté violent et sanglant de cet événement.

On compare de plus en plus Kate Mosse à Ken Follett, et à la lecture de ce roman on comprend pourquoi.

Les 575 pages se défilent à toute vitesse, et si l’on en ressort un peu essoufflé tant l’immersion était bonne, le premier souhait qui vient à l’esprit est que le prochain opus arrive rapidement.

Donc si vous aimez les romans historiques, les intrigues prenantes et les enquêtes haletantes, n’hésitez pas à découvrir La Cité des Larmes ! Vous ne le regretterez pas.

Tome 1 : Paradis perdus

1

Albin Michel

22,90
Conseillé par
28 février 2021

Inoubliable épopée.

Un phénoménal plongeon dans l’Histoire de l’Humanité.
Eric-Emmanuel Schmitt est un conteur hors pair. Ces nombreux romans et ses belles nouvelles nous l’avaient déjà prouvé.
Mais avec Paradis Perdus il franchit un palier supplémentaire : en plus de nous raconter cette épopée sensationnelle, il la modèle littéralement sous nous yeux.

Suivre les aventures de Noam, c’est suivre celles de l’humanité dans son ensemble.
Il a tant vu, tant appris.
Alors il décide de tout retranscrire, enfin.
8000 ans à raconter.
Oui, 80 siècles, que nous nous apprêtons à traverser avec lui, au gré de ses souvenirs.

L’auteur s’attaque ici à une œuvre qui semble avoir tout le potentiel nécessaire pour devenir une référence dans le genre.
Une œuvre monumentale intitulée La Traversée des Temps, qui devrait comprendre pas moins de huit volumes et dont Paradis Perdus est le premier tome.
564 pages de mise en bouche au goût si savoureux qu’on en devient très vite totalement amoureux.

Histoire passionnée et passionnante, dépeinte par une plume irrésistible.
Histoire de l’Homme, Histoire du Monde, dans tout ce qu’elle a de plus beau et de plus terrible, Paradis Perdus nous ouvre les portes d’une époque où hommes et Nature coexistaient sans se combattre.
Où la Nature était reine, et où aucun humain n’aurait songé à remettre cette souveraineté en question.

On suit les débuts de Noam avec un intérêt qui se transforme très vite en addiction, captivé par cette civilisation si différente, et pourtant, quelque part, déjà porteuse de nos erreurs à venir.

Les personnages sont si parfaitement modelés qu’on les sent aussi proches de nous que si ça c’était passé hier.
L’atmosphère, splendide, nous transporte et nous étouffe, en fonction des chapitres.
Quant à l’histoire, qu’en dire ? Il est impossible de la résumer, elle est à découvrir par soi-même, à travers les pages, au travers des lignes de cette incroyable épopée.

Cette lecture a été un coup de foudre sans précédent, parce qu’elle ne ressemble à aucune autre, et parce qu’elle offre une expérience sans pareille.
Ce roman est la rencontre de la Littérature et de l’Histoire.
Celle d’un style qui sublime un genre.
Un voyage à ne pas rater.

Roman

Calmann-Lévy

18,50
Conseillé par
5 février 2021

Puissant et délicat.

Quatre heures. Seulement quatre petites heures.
C’est le temps qu’il m’a fallu pour découvrir et dévorer Le Mal-Épris, de Bénédicte Soymier.
Impossible à lâcher, j’ai seulement concédé deux petites pauses de quelques minutes à mon cerveau fasciné.

Ce début d’année 2021 nous offre décidément de nombreux premiers romans d’une profondeur, d’une élégance et d’une grâce folles.
Et celui-ci en fait clairement partie.

Paul est laid. Paul souffre.
Paul aimerait tellement être autre.
Paul a subi. Paul a enduré.
Paul aimerait tant avoir été autre.
Vraiment ?
À partir de quand la souffrance passée devient-elle un passe-droit pour les blessures à venir ?

Paul s’explique. S’exprime.
Mais pas trop.
Paul s’accuse. S’excuse.
Mais pas longtemps.
Paul reproduit-il ?
LA fameuse question. Celle qui permettrait de comprendre, de compatir, de pardonner.
Sauf que non. Ça, c’est trop simple, trop réducteur.
Trop facile.
Il n’y a pas de fatalité, seulement des choix.
Et Paul fait les mauvais, encore et encore. En toute conscience.

Paul est une victime, mais Paul est un bourreau.
La première n’excuse pas le second.
Jamais.

Bénédicte Soymier trace cette histoire d’une plume phénoménale.
Précise. Concise. Parfois à l’extrême.
Et c’est parfait ainsi.
Pas de détails superflus, pas de digressions inutiles.
Droit aux faits. Droit au cœur.
Elle nous raconte une histoire terrifiante et banale, qui nous heurte et nous révulse.
Nous alerte et nous questionne.
Elle vise la tête, le ventre et l’âme.
Et fait mouche à chaque fois.

Paul, Mylène, Angélique, Émilie.
Incorrigiblement humains, désespérément faillibles, ils sont multiples, bons ou mauvais, forts ou faibles.
Acteurs ou témoins.
Victimes ou bourreaux.

Ce roman dissèque, transmet, et explique. Mais il n’excuse pas. Rien.
Jamais.
On en ressort essoufflé, fourbu, sonné.
Par l’histoire et le style.
L’une est tragique et l’autre, sublime.
Par le ton et par le rythme.
L’un tranchant, l’autre, hypnotique.

Est-ce qu’il faut le lire ? Oui, cent fois oui.
Et aussi le faire lire. Partout. Par tous.

18,90
Conseillé par
5 février 2021

Et si c'était demain ?

Le Cœur à l’échafaud est un roman qui nous entraîne dans une France très actuelle, et pourtant difficile à reconnaître.
Quasi identique et cependant radicalement différente.

L’histoire commence le premier jour du procès aux Assises de Paris de Walid Z., accusé du viol de sa future belle-mère, Claire.
S’il est reconnu coupable, il risque 15 and de réclusion. Ou la peine de mort.
Par décapitation.

Sans savoir précisément en quelle année se déroule l’intrigue, les différentes informations récoltées au fil des pages nous apprennent qu’elle se déroule dans un futur proche.
Il y a quelques années, une épidémie a frappé le monde.
Face à elle, de nombreux pays, dont la France, ont dû mettre en place plusieurs confinements.
L’économie s’est effondrée.
La tension a grimpé.
Le vivre-ensemble a explosé.
L’extrême-droite est passée et la peine de mort a été rétablie.

Emmanuel Flesch nous plonge dans ces trois jours dans un procès hors-norme, devenu courant dans ce monde-là.
Sa plume est habile, l’intrigue prenante.
Le message, lui, sera celui que vous avez envie de déchiffrer.
Les motifs, réactions, cheminements, sont exposés, au lecteur d’en tirer ses conclusions.
Et personnellement j’ai trouvé cette façon de faire très saine.

À travers les histoires de Blaise, Juliette, Héloïse, Walid, François et Amira, c’est notre société qui défile.
Les paris loupés, les occasions manquées, les colères bâillonnées et les injustices répétées.
Des deux côtés.

C’est un roman qui pousse à réfléchir. Évidemment.
Forcément.
Pour ou contre la peine capitale, nous avons tous notre opinion.
Qu’on la cache ou qu’un l’exprime, elle est là.

Mais quelle que soit notre opinion profonde, quelle réaction aurions-nous si la sentence dépendait de nous ?
Entre vouloir punir et pouvoir punir, la différence est grande.
Surtout quand cette sentence ne s’applique que pour une partie de la population.

Là encore, l’auteur ne se pose pas en juge, ni en bourreau.
Il explique, expose, développe les ressentis de ses personnages, sans essayer à toute force nous faire en apprécier un plus que l’autre.

Un roman qui dérange, tourmente, bouscule, sans intention de nuire.
À lire, sans conteste !

20,00
Conseillé par
5 février 2021

Rendez-vous manqué.

Il arrive parfois que la rencontre entre un roman et son lecteur tourne court. Que ça ne marche tout simplement pas entre ces deux-là...
C’est précisément ce qu’il m’est arrivé avec Ta Main sur ma Bouche.

Je l’attendais pourtant avec impatience. Le synopsis, la couverture et, bien évidemment, le sujet, tout m’attirait chez lui.
Je lui voyais déjà des qualités innombrables, une tournure originale, une histoire inoubliable...
D’ailleurs je pense qu’une partie problème est venue de là : je l’avais par avance placé tellement haut qu’il aurait été difficile de satisfaire mon attente, quel que soit le livre en question.

Les deux autres soucis que j’ai rencontrés sont :
- mon absence complète d’implication personnelle dans le récit.
Les échanges de dialogues me semblaient parfois froids et d’autres fois d’une « modernité » presque exagérée.
Quant aux protagonistes, je n’ai absolument pas réussi à entrer en empathie (ni en quoi que ce soit) avec eux.
Ça arrive, bien sûr, mais sur une intrigue portant sur le phénomène MeToo, je n’avais pour ma part jamais encore jamais ressenti un détachement semblable.
- Mon incapacité à cerner l’atmosphère du roman.
Les scènes défilaient et je ne les visualisais pas. Aucune ambiance ne s’en dégageait (à MES yeux, soyons bien clair là-dessus), et je n’en ressentais donc pas les sentiments.

J’ai bien évidemment été lire les autres avis après avoir terminé ma lecture, et ils sont dans l’ensemble très bons, je pense donc que c’est vraiment par rapport à moi, et à mon état d’esprit du moment, que revient la faute de désunion complète entre mon ressenti et le roman.

Je vous invite à vous faire votre propre opinion, car quoi qu’il en soit le sujet est plus qu’important et tous les textes s’en emparant sont donc intéressants à connaître et à faire connaître.
Parce que les mots posés sur ce fléau ne doivent jamais s’arrêter de faire du bruit, quel que soit le moyen de les faire entendre !
Et parce que ce roman sort du commun, indéniablement.