Femme au foyer

Jill Alexander Essbaum

Albin Michel

  • Conseillé par
    6 janvier 2016

    Anna Benz âgée de trente-sept ans et d’origine américaine vit en Suisse depuis presque dix ans dans une banlieue de Zurich. Mariée à Bruno un banquier, et mère de trois enfants, sa vie est matériellement confortable. Sa belle-mère habite près de chez eux et elle garde volontiers ses petits-enfants même si elle est toujours distante avec sa belle-fille. Anna ne parle pas le suisse allemand, ne conduit pas et ne travaille pas et a un périmètre de vie restreint. Elle ne s’est toujours pas intégrée et se sent seule. Poussée par son mari à consulter un médecin, elle débute alors une psychanalyse et s’inscrit à des cours d'allemand. La jeune femme esquive à chaque fois les questions de sa psy pour ne pas lui avouer la vérité : elle trompe son ennui en ayant des amants.
    Nous y voilà, pourrait-on dire, égoïste, capricieuse, libertaire (et j’en passe). Si quelquefois, Anna pense à rompre avec Archie (rencontré aux cours d'allemand), elle chasse très vite cette idée sans aucune culpabilité.
    Engluée dans sa vie, ses escapades sexuelles lui permettent de s’évader de la monotonie. Jusqu'à ce qu'un drame se produise.

    Les séances chez la psy, les cours de langue jalonnent tout le roman où les pensées d’Anna renforcent le malaise palpable. La psychologie tient une place très importante dans ce roman sur la quête d’identité, la souffrance, l'isolement et l'incapacité à être heureuse.
    Le comportement et/ou la passivité d'Anna tout comme la sensation de ne pas cerner vraiment les autres personnages pourront agacer certains.

    Jill Alexander Essbaum réussit à nous faire ressentir le désespoir qu'Anna entretient et qui la ronge.
    Un premier roman très troublant, intelligent et magnétique, servi par une belle écriture sans aucune concession ( à noter le très bon travail de traduction) que j’ai vraiment beaucoup aimé !