C'est beau la France

Le Français soigne, avec une attention particulière, sa sinistrose. Il n'est
pas de semaine, où ne retentisse la complainte du « Malalafrançais », inquiet
du déclin national, et prophète de notre décadence. Que de temps perdu, au
lieu de savourer les mérites du triangle magique, grâce auquel la France est,
depuis toujours, une oasis dans un monde de fous : l'esprit, la modération, et
le savoir bien vivre. On oublie trop, aujourd'hui, ces inventeurs géniaux, qui
savaient transformer le guano ou la pomme de terre en or, ces missionnaires du
goût, qui ont convaincu le monde entier de venir passer des vacances dans ce
pays de cocagne, et d'en repartir les poches pleines de souvenirs, ces hommes
d'État suffisamment avisés pour doser trois doigts d'inflation, et quatre
mesures de paradis fiscal. Même nos intellectuels - ou nos sportifs - toujours
placés dans la course au titre, nous assurent une médaille d'argent, véritable
exploit pour une nation de 55 millions d'habitants. Telle est la salutaire et
revigorante leçon, que Jacques Marseille nous invite à méditer, de manière
aussi documentée qu'ironique.