Le jour où j'ai mangé mon flingue
EAN13
9782755625271
Éditeur
Hugo Document
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le jour où j'ai mangé mon flingue

Hugo Document

Indisponible
Après France Télécom, le malaise gagne la police et la gendarmerie nationale.
Enquête et témoignages de l'intérieur

« Ce dont je me souviens c'est du goût de mon arme dans ma bouche. On se
souvient toujours de ce goût. Il est resté ».

Le témoignage de cette jeune femme flic est glaçant. « Manger son flingue ». À
l'origine, l'expression est apparue dans la littérature policière américaine
ces dernières décennies.
Harry Bosch, le héros récurrent du maître du polar Michael Connelly croisait
souvent des policiers qui finissaient, pour une raison ou pour une autre, par
se donner la mort avec leur arme de service.

En France, le blues des flics n'est pas nouveau. En 1997, un article du Monde
évoquait déjà les dérives de certains policiers qui choisissaient le suicide
plutôt que le harcèlement moral de leur supérieur ou, à tout le moins, la
charge de travail trop lourde à supporter. L'année 2014 a atteint des records
avec la mort volontaire de 55 policiers. Et les gendarmes ne sont pas en reste
! En 2013, vingt trois d'entre eux s'étaient suicidés.

En avril 2015, le plan Vigipirate et son lourd dispositif faisait virer au
rouge la situation
des policiers Français. Dans les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) la
révolte gronde. Dans certaines régions les gardiens de la paix affectés en CRS
expriment leur ras-lebol avec la seule arme qu'ils ont, puisque leur statut
spécial leur interdit le droit de grève : l'arrêt maladie. Des dizaines de
policiers se font porter pâle. Certains sont au bord du burn-out et de
l'irréparable.

Des décennies durant, l'administration et les ministres de l'Intérieur qui se
sont succédés à la tête de la police française ont préféré, à chaque suicide
de policier (et de gendarme) mettre en avant des « problèmes personnels ».
Manuel Valls aura été le premier à évoquer la relation entre les rudesses du
métier, celle de certains responsables de la hiérarchie et les vagues de
suicides toujours plus préoccupantes au sein des forces de l'ordre.
Il en profita pour dénoncer la politique du chiffre instaurée par Nicolas
Sarkozy, politique qui n'a jamais vraiment été abandonnée dans les
commissariats et les différents services de police.
D'où le malaise de plus en plus profond dans les rangs des exécutants. Bernard
Cazeneuve, qui a succédé a Manuel Valls, a lancé un « plan antisuicides » en
janvier 2015. Mais il n'a pas mis fin
à la politique du chiffre, même s'il s'en défend.
Et surtout, contrairement à son prédécesseur, il rechigne à mettre en cause
certains membres de la hiérarchie policière, désignés comme les réels
responsables du mal-être des policiers.
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