L’invention de l’impôt sur le revenu, La taille tarifée 1715-1789
EAN13
9782821828506
Éditeur
Institut de la gestion publique et du développement économique
Date de publication
Collection
Histoire économique et financière - Ancien Régime
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L’invention de l’impôt sur le revenu

La taille tarifée 1715-1789

Institut de la gestion publique et du développement économique

Histoire économique et financière - Ancien Régime

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Dès l’abord, cet ouvrage paraîtra familier au contribuable que nous sommes
tous. Il y retrouvera de vieilles connaissances : déclaration de revenus,
déductions, progressivité, frais réels, forfaits, fraudes, etc. Ceci, il y a
plus de deux siècles, quand l’administration monarchique déployait des trésors
d’inventivité pour résoudre la crise financière sans révolution, c’est-à-dire
sans supprimer les privilèges. La gageure, on le sait, fut intenable. D’un
même élan, 1789 supprima société d’ordre et monarchie et fit naître des
citoyens égaux devant la loi, donc devant le fisc. Le système bourbonien parut
enterré et, avec lui, des innovations apparemment caduques dans un monde qui
se voulait nouveau. Ce n’était qu’un sommeil et le réveil vint d’où on ne
l’attendait pas. Jaurès et Caillaux, pères de notre actuel impôt sur le
revenu, se firent, au début du XXe siècle, les continuateurs des techniques
fiscales de la monarchie ; privilèges en moins cependant, ce qui changeait
radicalement les données sociales de la question. S’il était difficile aux
deux hommes de revendiquer cet enracinement, alors que la République était
encore peu assurée, ils en avaient pourtant bien conscience, et leurs
adversaires de la droite de l’époque daubèrent sur des socialistes et des
radicaux qui renouaient avec Louis XVI. Aussi, à l’heure où se multiplient les
projets de réformes de l’impôt sur le revenu, l’un des mérites de l’étude de
Mireille Touzery est de le signaler comme une des grandes réalisations
politiques françaises, né dans la monarchie, épanoui sous la République, et de
le mettre parmi nos « lieux de mémoire ». Est-il en effet beaucoup de moments
d’unité nationale aussi clairs que ce mois où, chaque année, reliés les uns
aux autres par le même imprimé, nous remplissons tous notre déclaration de
revenus ? Invention scandaleuse au XVIIIe siècle pour un contribuable qui ne
participait d’aucune façon au gouvernement du royaume, la déclaration de
revenus est devenue, aujourd’hui que le sujet s’est mué en citoyen, une des
rares heures où les artisans de la démocratie, en ronchonnant souvent certes,
prennent activement conscience d’eux-mêmes.
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