Librairie D.

Conseillé par (Libraire)
15 septembre 2014

Les réputations, ce sont celles que fait et défait Javier Mallarino, caricaturiste vedette de la presse colombienne. Un hommage quasi national lui est rendu pour ses 65 ans et il se sent éternel, prêt même à reconquérir son ex-femme. Le lendemain, il reçoit dans sa maison de montagne la visite d'une jeune femme qui a été 28 ans plus tôt la victime d'un fait divers dans cette même maison. La vérité que recherche Samanta Leal ébranle les certitudes de Mallarino. A-t-il eu raison alors de briser d'un seul dessin la carrière et la vie d'un homme politique ? Quelle est sa réelle responsabilité, lui qui se croit irréprochable derrière le rempart de sa planche à dessin ?
Si ce roman est très ancré dans l'histoire récente de la Colombie, il pose bien sûr des questions universelles, notamment sur le pas pris par la vie privée des hommes publics sur leur action. Comme dit le poète : « Nous y sommes ».
On retrouve la qualité d'écriture, de construction et de dialogues qui fait de la lecture de ce roman, comme des précédents de l'auteur, un rare plaisir de lecture. Juan Gabriel Vasquez confirme qu'il est une des valeurs les plus sûres de la littérature sud-américaine de l'après Garcia Marquez.

Conseillé par (Libraire)
15 septembre 2014

Dans ce roman monstre deux histoires principales s'entrecroisent. D'une part, un roman feuilleton à la mode du XIXe siècle, la poursuite autour du monde d'un diamant volé à bord de transports de plus en plus délirants. En contrepoint, la vie quotidienne des employés d'une usine de liseuses sise dans le Périgord où se perpétue la tradition de la lecture à voix haute dans les ateliers, pratique héritée des fabriques de cigares -ce que fut autrefois cette entreprise.
Les deux histoires, bien sûr, finissent par jouer l'une sur l'autre et par dérailler gentiment ensemble dans un crescendo à la fois absurde, grinçant et désespéré.
Ce livre furieux touche à tout : à l'histoire du cirque Barnum, aux remèdes contre l'impuissance, à la colombophilie, à notre pauvre monde occidental bientôt réduit à sa pâle imitation dans des parcs d'attractions chinois, aux pratiques mirobolantes des prostituées de Sidney... Il est en fait l'antithèse de ce qu'il dénonce : la mort du livre au profit de sa mécanisation, la mort de le lecture comme partage, et par dessus tout la mort de l'imagination, qui libère de la pesanteur du monde, qui réjouit et qui émeut, qui certainement permet d'aimer.
L'Île du Point Némo est la parfaite antidote à ce pessimisme : sa lecture en est tellement exaltante qu'il vous donne l'impression d'avoir vécu plus fort, pendant et longtemps après.
Merci à Jean-Marie Blas de Roblès de nous avoir donné le roman le moins convenu -parfois le plus inconvenant- et le plus imaginatif de cette rentrée littéraire.