Fils du feu / roman

Guy Boley

Grasset

  • Conseillé par
    26 mai 2018

    Vous devriez être impressionnés par le style de Guy Boley. Très impressionnés. je n’ai même pas envie de parler de l’histoire tant elle me paraît secondaire !
    En quelques mots il s’agit d’une famille qui a vécu un drame à une époque qui n’est plus la nôtre, une époque où on ne communiquait que peu avec les mots, quand la parole était rare. Comme un contrepied justement, l’auteur use des mots à foison: il jouent avec les mots la ponctuation, les rimes, les assonances et les allitérations, c’est un travaille d’écriture remarquable à chaque paragraphe. On ne lit pas, on entend ses phrases ! Et puis finalement quand il n’y a plus de mot il reste la peinture, exutoire des névroses.
    Et cette mère, cette maman...je n’en dis pas plus.


  • Conseillé par
    31 janvier 2017

    décès, famille

    J’ai trouvé que ce roman commençait poussivement : trop de comparaisons à des légendes, des dieux, des grands hommes.

    Et puis vient l’épisode de la mort des grenouilles, et là, le texte prend son envol pour nous conter une perte douloureuse.

    Un récit magnifique et touchant sur le deuil et notre rapport à la mort.

    Car même si l’homme a domestiqué le feu, il n’a jamais réussi à domestiquer la mort.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du linge lavé à la main, étendu sur des fils, et qui est inlassablement souillé par les vents noirs.

    Une citation :

    « La force de forger des armures pour protéger l’adulte, ce roitelet débonnaire sommeillant sous l’enfance.«

    Alex Mot à Mots


  • Conseillé par
    25 décembre 2016

    La lumière des humbles

    « Fils du feu » est le premier roman d’un auteur né en 1952 qui a été tour à tour maçon, ouvrier d’usine, chanteur de rue, cracheur de feu, acrobate, chauffeur de bus, dramaturge… Anecdote mise à part, lorsqu’on commence la lecture de ce livre, on est littéralement happé par son style puissant, travaillé mais non décoratif, au service du récit de vies minuscules issues d’une famille modeste de Besançon. Sans nostalgie aucune, le narrateur parle d’un temps qui n’est plus, de ses parents morts et oubliés auxquels il redonne vie le temps du souvenir. Le début est raconté à hauteur d’enfant, petit garçon des années 1950 émerveillé par son ferronnier de père, maître du feu et du fer tel un nouveau Vulcain. Il y a aussi la mère au foyer, un petit frère, une sœur aînée trop vite éclipsée et une grand-mère dépeceuse de grenouilles. Les jeunes années sont circonscrites à la maison, dans une routine et des traditions que vient détruire à jamais la mort du cadet. C’est alors le début de la déchéance : la violence du père, la folie de la mère orpheline de son fils ; et par-dessus cette tragédie intime s’arriment les changements des Trente Glorieuses qui les laissent sur le carreau : à l’heure où l’on peut « acheter sa vie en kit », il n’y a plus de place pour les artisans.

    Devenu peintre, le narrateur adulte dépose d’abord sur la toile les éléments fondateurs de sa mémoire comme autant de touches lumineuses : la forge, l’étêtement des grenouilles, les jours de lessive, le vent d’Est avec sa poussière noire de suie, puis instille une atmosphère intérieure en clair-obscur, évoquant sa propre homosexualité tout en pudeur, et ses deux passions en filigrane : la littérature et la peinture, née au hasard d’une autre blessure secrète.

    Voici un roman tendre, bien écrit, émouvant mais jamais larmoyant, délicat mais pas mièvre, qui tire sa force d’un style forgé à l’établi, et qu’on a envie de défendre parce que c’est une belle surprise, tout simplement.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    12 octobre 2016

    Un roman flamboyant

    Ce n'est pas très gai, mais c'est un récit d'amour, pour ne pas dire un cri d'amour. Le contexte est rude : le travail de la forge, l'enfant qui observe le monde des adultes, avec crainte et désir, la voix du père, la tristesse de la mère, l'absence, la folie, la mort. Cela pourrait être du Zola mais c'est du Boley. Et voilà un premier roman qui mérite toute notre attention. Un roman court mais flamboyant, avec des mots bien choisis qui claquent et quelquefois font frémir. C'est le regard lucide de l'enfant qui glace et l'écriture s'en ressent. Mais, c'est également, au-delà de l'histoire tragique, de la belle poésie concise et ciselée.


  • Conseillé par
    23 août 2016

    Les trente glorieuses, le monde ouvrier, un quartier resserré à quelques maisons et quelques personnages marquants, de la voisine ayant perdu son fils à l'ouvrier au corps d'athlète, et surtout : la forge... le feu... tel est l'écrin et toute la puissance et la beauté de ce premier roman, à la langue ciselée et martelée, qui nous entraîne dans un tourbillon d'émotions.

    Comment cette famille va-t-elle réagir au drame intime qui la frappe, avec la mort d'un jeune enfant?

    Père, mère, fils, soeur, quatre deuils si différents, ne pouvant guère se comprendre , alcool, folie, art, fuite... de la violence, de la tendresse, de l'amour... chacun tient debout tant bien que mal, tandis qu'autour le monde continue sa folle sarabande, que les repères évoluent et que la forge va fermer.

    Dès les premières pages, la description de la forge, le rapport à la mythologie, j'ai été happée par ce roman, l'énergie, la force, les couleurs... et par son écriture qui m'a charmée.
    Poétique, puissante, elle est de celle que l'on n'oublie pas!